Une chose à savoir sur moi est que j'adore les teen movies, notamment ceux de John Hughes, qui est connu pour avoir écrit et réalisé des teen-movies réalistes et plein d’honnêteté. Pourtant, un film de ce réalisateur est loin d'être en accord avec cette vision et ce film, c'est SIXTEEN CANDLES (Seize bougies pour Sam). Entre blagues racistes et culture du viol, ce film est globalement problématique, de plus, l'histoire n'est pas vraiment divertissante. Du plus loin que je me souvienne, même plus jeune, je n'arrivais pas à apprécier ce film, mais je ne savais pas vraiment pourquoi. C'est en vieillissant que je me suis rendue compte que ce film contenait des propos problématiques : entre blagues racistes, propos sexistes et culture du viol, SIXTEEN CANDLES est loin d'être un film romantique tout mignon et tout rose. Je vais donc vous expliquer en quoi ce film tient des propos inquiétants.
Des personnages globalement antipathiques
Le personnage principal, Sam, est interprété par Molly Ringwald, qu'on retrouve également dans The Breakfast Club et Pretty in Pink. Sam est l'adolescente timide typique, elle n'est pas populaire, mais n'est pas un souffre douleur pour autant. Sam est amoureuse de Jake Ryan (Michael Schoeffling), le garçon le plus populaire du lycée. Et, alors que Jake a déjà une copine, il va commencer à être intéressé par Sam, comme par magie, juste parce qu'il a remarqué qu'elle le regardait assez souvent. Jake incarne le cliché du mec populaire habituel, sans aucune personnalité et qui attire les filles sans problème, alors qu'au fond, il est tout simplement une coquille vide. De plus, le mec court plus ou moins après Sam alors qu’il a déjà une copine... Un des pires personnages est malheureusement incarné par Anthony Michael Hall, que j'adore dans The Breakfast Club. Dans Sixteen Candles, il incarne Ted, un nerd obsédé par Sam et c'est simple, ce personnage mériterait des baffes à chaque fois qu'il apparaît à l'écran. Il drague Sam alors qu'il est évident qu'elle n'est pas intéressée, mais lui ne semble pas comprendre et au final, tout le long du film, on le voit en permanence harceler sexuellement Sam (exemple ici).
(D'ailleurs, on retiendra également l’utilisation du mot fag dans la bouche de Sam...)
Sixteen Candles, une histoire d'amour en carton
La fin du film, bien que devenue culte, est d'un ridicule. Doit-on vraiment trouver ça romantique que Sam et Jake s'embrassent et finissent vraisemblablement ensemble alors qu'ils ne se connaissent pas du tout et qu'ils n'échangent que quelques phrases en l'espace d'1h40 de film ? Non, je ne crois pas. Sam pense être amoureuse de Jake, mais au fond, elle ne le connait pas et je pense qu'elle est amoureuse de l'image qu'il dégage, c'est un simple crush et rien de plus. Jake, concrètement, s’intéresse seulement à Sam, car il a remarqué qu'elle le regardait avec amour. Il dit alors vouloir une relation plus sérieuse avec une personne qui serait vraiment amoureuse de lui. Il veut donc une relation différente de celle qu'il entretient avec sa copine actuelle, Caroline (Haviland Morris), qui elle dégage une image de party girl et dont la relation semble reposé uniquement sur le sexe. Cette histoire ne vend pas du rêve, loin de là. Pour tout vous dire, même moi qui ne suis pas fan de l'histoire d'amour entre Blane et Andy dans Pretty in Pink, elle est déjà beaucoup plus vendeuse que celle présente dans Sixteen Candles. De plus, ça renvoie l'image que les filles sont de vulgaires objets qu'on peut changer (ou s’échanger) sans contrainte... Et bon sang, comment peut-on trouver Jake attirant et parfait au vu de son attitude envers sa copine Caroline ?
Racisme, sexisme et culture du viol
Il faut être honnête, Sixteen Candles est loin d'être le seul film des années 80 à faire usage de blagues racistes et/ou de stéréotypes (la journaliste Hadley Freeman l’explique plutôt bien dans un chapitre de son livre) mais c'est tout de même un élément de ce film que je me dois de souligner. Dans le film, Long Duk Dong (interprété par Gedde Watanabe, qui est Nippo-Américain) est un jeune asiatique en échange étudiant. Le personnage a été très mal reçu par la communauté asiatique aux Etats-Unis et je les comprends. Son personnage est sans cesse tourné en ridicule et au moment où il apparaît à l'écran ou qu'on mentionne son nom, on peut entendre le son d'un gong. Encore aujourd'hui, le personnage est considéré comme l'un des stéréotypes asiatiques les plus offensants que Hollywood ait jamais donnés à l'Amérique.
Autre sujet problématique de ce film : le sexisme mais plus exactement la culture du viol. Vers un peu plus de la moitié du film, Jake et Ted ont une conversation autour d'un verre et vient alors la réplique la plus immonde qu'on peut trouver dans un film de John Hughes : I can get a piece of ass any time I want. Shit, I got Caroline in the bedroom right now, passed out cold. I could violate her ten different ways if I wanted to. avec Ted qui répond: What are you waiting for? Vous pouvez voir par vous-même à quel point cet échange est ignoble et même si les années 80 sont bien différentes de notre époque actuelle (obviously) je me demande comment ça n'a pas pu faire polémique à l'époque tellement ce genre de propos est dérangeant et ne fait qu’amplifier la culture du viol. La scène suivante est tout aussi dérangeante : Jake veut Sam et il veut donc se débarrasser de Caroline, qui est alors pratiquement au bord du coma éthylique. Jake demande donc à Ted de la ramener chez elle et lui dit de s'amuser un peu, insinuant alors qu'il peut coucher avec elle, alors que Caroline n'est pas en l’état de donner son consentement. Le mieux est que je vous montre ladite scène. Cette scène rend mal à l'aise et le pire est à venir: Ted et Caroline vont finir par coucher ensemble mais aucun des deux n'en ont le souvenir... C'est glauque et malaisant, vraiment!
Le plus ahurissant dans cette histoire, c'est que cette scène ne semble pas vraiment déranger. Cette scène est disponible sur YouTube et quand on lit les commentaires, c'est affligeant. On donne des excuses aux personnages : il ne font que discuter, ils sont jeunes, ils ne font rien de mal, sauf que rien le fait d'en discuter, d'en faire une éventualité reste grave. Je conçois que le contexte dans les années 80 soit différent de celui dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui, ce qui fait qu'au final, Sixteen Candles est un film qui a vraiment mal vieilli et qui n'a pas cet aspect intemporel que peut avoir The Breakfast Club. Au final, selon moi, Sixteen Candles est un film qui, avec les années et les mœurs qui ont changé, est tout simplement devenu impossible à regarder. On se demande comment John Hughes, qui a écrit le sublime et intemporel Breakfast Club ou le très fun Ferris Bueller's Day Off, a pu écrire un film aussi creux et peu divertissant...
Bref, j'ai re-regardé ce film dans le but d'en écrire une critique, mais ça sera probablement la dernière fois que je regarderai Sixteen Candles. Rien ne peut être sauver dans ce film, mis à part peut-être la scène entre Sam et son père que ne durent malheureusement que quelques minutes. Je vous invite également à lire cet article que Molly Ringwald a écrit pour le New Yorker où elle parle des films The Breakfast Club et Sixteen Candles par rapport au mouvement #MeToo.
Bref, j'ai re-regardé ce film dans le but d'en écrire une critique, mais ça sera probablement la dernière fois que je regarderai Sixteen Candles. Rien ne peut être sauver dans ce film, mis à part peut-être la scène entre Sam et son père que ne durent malheureusement que quelques minutes. Je vous invite également à lire cet article que Molly Ringwald a écrit pour le New Yorker où elle parle des films The Breakfast Club et Sixteen Candles par rapport au mouvement #MeToo.
Avez-vous déjà vu Sixteen Candles ? Si oui, aviez-vous remarqué ces propos dérangeants véhiculés par le film ?
Après avoir lu ton article, je reste complètement choquée et bouche bée. Je ne pense pas avoir vu Sixteen Candles et je ne lui donnerai pas sa chance c'est sûr. C'est fou car toutes les thématiques traitées dans le film dont tu parles sont des gros classiques du cinéma et je pense qu'à l'époque cela ne choquait absolument pas ou peu. Et maintenant avec le recul et surtout le fait que nous devenons de plus en plus conscient de notre corps, de notre sexualité, de nos émotions, on se rend compte que ce genre de film n'est pas du tout correct dans le fond et dans la forme. Il était temps que l'on s'en rende compte pour empêcher cette même structure de se reproduire. Merci pour cet article qui m'a complètement chamboulé, que tu as écrit avec brio ma belle ♥
RépondreSupprimerLes féministes sont aigries et des cinglées paranoïaques qui voient du racisme, de la misogynie et j'en passe partout !!!!
RépondreSupprimerMais le plus flippant c'est que ce genre de femmes, sont justement attirées par les connards violents et rejettent les mecs bien qu'elles considèrent comme des faibles, elles sont malades mentales et tu as bien la tête d'une féminazi !
Votre commentaire n'a aucun rapport avec la critique constructive de ce film. Veuillez déverser votre haine et vos propos ridicules ailleurs.
SupprimerCe film m'avait marqué lorsque je l'avais vu la première fois, je devais avoir 13 ou 14 ans. Le film était sorti il y a quelques années. Aujourd'hui, je l'ai à nouveau regardé et ce sera la dernière fois. Au début du film, il y a une réplique qui m'a fortement dérangée. Sam est ds les couloirs du lycée et parle à sa copine de son anniversaire idéale. Elle parle d'une voiture noire. Sa copine comprend un homme noir. Sam répond "non, la voiture!" , la copine "Ah ! Tu m'as fait peur!"😡😡😡😡😡😡😡
RépondreSupprimerJe crois que j'ai regardé ce film de façon trop détachée.. j'ai bien vu quelques passages déconcertants, surtout sur le rapport au sexe des adolescents, mais je suis loin d'avoir vu tout ce que tu énonces, je n'ai pas pris assez de recul j'imagine. En tout cas, c'est bien plus clair dans ma tête maintenant, merci pour ton analyse.
RépondreSupprimerMerci pour cette critique, je suis très fan d'univers rétro et de la pop culture des années 80, j'ai regardé les 3/4 du film -m'attendant à un teen movie vintage et rafraichissant-, et j'ai été incapable de poursuivre tellement je l'ai trouvé ignoble pour toutes les raisons exposées ici. Je suis rassurée de ne pas être la seule à avoir été profondément choquée par la culture du viol, le racisme, le sexisme toutes les 2 min et tous les passages cringes et malsains.
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