Ever After, une relecture féministe et maîtrisée du conte de Cendrillon

S'il y a bien un film que j'ai regardé un nombre incalculable de fois dans ma jeunesse, c'est bien À tout jamais, une histoire de Cendrillon (Ever After en VO). Réalisé par Andy Tennant en 1998, Ever After est un film dramatique qui s'inspire du conte de Cendrillon. Dans ce film, pas de marraine la bonne fée ni de citrouille qui se transforme en carrosse, l’intrigue se passe en France au XVIe siècle et suit Danielle de Barbarac (Drew Barrymore), orpheline et roturière, qui est au service de sa belle-mère, la baronne Rodmilla de Ghent (Anjelica Huston) et de ses filles, Jacqueline et Marguerite. Pour libérer un des anciens serviteurs de son père, Danielle se fait passer pour une comtesse et emprunte le nom de sa mère. C'est sans compter sa rencontre avec le prince de France, Henry (Dougray Scott), qui va chambouler son existence. 

 

C'est incontestable, EVER AFTER reste le meilleur retelling du conte de Cendrillon. Andy Tennant nous offre un récit beaucoup plus étoffé que le conte de base et au message complètement opposé, sans pour autant dénaturer le conte rendu populaire par Perrault, les frères Grimm et bien évidemment Walt Disney. EVER AFTER a la particularité d'offrir un personnage féminin fort et indépendant, bien loin de l’image traditionnelle du personnage de Cendrillon. Cendrillon devient ici Danielle de Barbarac, une roturière qui se voit devenir servante dans sa propre maison après le décès de son père. Drew Barrymore est fantastique dans ce film et c'est un de ses rôles que je préfère (c'est également un des films favoris de sa filmographie dixit une interview de 2016). Danielle est une jeune forte et intelligente, de plus, malgré sa condition sociale, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et elle est loin, très loin d'incarner l'image de la demoiselle en détresse. C'est cet élément qui fait que EVER AFTER est une réussite car l'image de la jeune servante en détresse qui est délivrée par le prince y est complètement remodelée et modernisée. Une dimension féministe qui fait plaisir à voir. 

Comme pour Danielle, le prince charmant est rendu plus complexe que dans le conte. Henry est un prince qui ne supporte pas son statut et les choix qui lui sont opposés. Sa rencontre avec Danielle va remettre son existence et ses ambitions en question. C'est cet élément que j'aime dans la relation entre Danielle et Henry, Danielle le pousse à être la meilleure version de lui-même. Elle lui ouvre les yeux sur la condition des gens qui sont moins privilégiés que lui. 

You have everything, and still the world holds no joy; and yet you insist on making fun of those who would see it for its possibilities.❞ - Danielle





Qui dit Cendrillon, dit également méchante belle-mère. Interprétée par l'extraordinaire Anjelica Huston, Rodmilla de Gent est une femme avide de pouvoir qui souhaite à tout prix voir sa fille Marguerite mariée au prince de France. Dans le conte, la belle-mère déteste Cendrillon à cause de sa beauté, cependant, dans le film, une autre raison est suggérée: Rodmilla éprouve de la rancœur envers sa belle-fille car les derniers mots d'Auguste, son mari et le père de Danielle, ont été pour cette dernière et non pour elle alors qu'elle était également présente. Au lieu d'avoir deux méchantes demi-sœurs, ce qui semble un peu forcé et manichéen, seule Marguerite a un comportement antagoniste envers Danielle tandis que Jacqueline est plus douce et plus aimable. Jacqueline est interprétée par Melanie Lynskey, qui est juste géniale et qu'on ne voit d'ailleurs pas assez sur nos écrans.

Bien que le film soit exempt de toute magie, la figure de la marraine la bonne fée est ici remplacé par  nul autre que Leonardo da Vinci (Patrick Godfrey), qui aidera autant Danielle et Henry. On retrouve également au casting Judy Parfitt et Timothy West dans les rôles de la Reine Marie et du Roi François (Francis en VO). D’ailleurs, bien que le contexte de l'histoire se déroule au XVIe siècle en France, EVER AFTER est historiquement inexact au niveau des dates et le film se contente seulement d'emprunter des noms de personnalités historiques. On n'oublie pas aussi la présence de Jeanne Moreau, qui incarne une femme du XIXe siècle qui tient à raconter la véritable histoire de Cendrillon aux Frères Grimm.

Que serait un film sans sa musique. La bande originale est signée par George Fenton, à qui on doit les musiques de Les Liaisons Dangereuses ou encore Un jour sans fin. La musique est en parfaite osmose avec le film et elle est tout simplement magnifique et frissonnante.


EVER AFTER est une fantastique relecture du conte de Cendrillon. Le long-métrage propose un récit populaire modernisé avec une touche de féminisme et un casting de qualité. C'est émouvant et c'est tout simplement un film qui tient une place particulière dans mon cœur. C'est une histoire d'amour avec une vraie construction de la relation entre "Cendrillon" et le Prince. De plus, Danielle représente la parfaite évolution du personnage. Un film qu'on cite peu de nos jours mais qui mérite d'être vu et revu.






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