L’amour extra-large (Shallow Hal en VO), réalisé par les Frères Farrelly (Dumb & Dumber, Mary à tout prix, Fous d’Irène, etc.) est un film que j’aimais beaucoup regarder quand j’étais plus jeune. Le long-métrage me semblait drôle, avec des personnages comiques et attachants. De plus, il paraissait prôner l’importance de la beauté intérieure. Sorti en novembre 2001, 20 années se sont donc écoulées depuis la sortie de Shallow Hal au cinéma et bien que le message principal du film soit important, on peut se demander s'il a réellement emprunté la meilleure voie pour véhiculer ce message. Voilà mon verdict.
Voici un le synopsis du film:
A l'âge de neuf ans, Hal Larsen se voit conseiller par son père mourant de toujours fréquenter de jolies jeunes filles au corps "mince et parfait". A l'aube de son trentième anniversaire, Hal n'a toujours pas trouvé le grand amour, et pour cause, il est resté superficiel. Seul compte pour lui la beauté physique, le reste chez une femme n'a aucune importance à ses yeux. Un jour, il fait la connaissance de Tony Robbins, un gourou qui l'hypnotise et lui permet de discerner la beauté intérieure d'autrui. Hal voit alors en Rosemary Shanahan, qui pèse plus de 135 kilos et travaille dans l'humanitaire, la femme la plus belle du monde. Il tombe aussitôt amoureux d'elle.
Shallow Hal et la superficialité des personnages
Everything you know about beauty is programmed. TV, magazines, movies. They're all telling you what's beautiful and what isn't — Tim RobbinsLe titre du long-métrage est beaucoup plus évocateur en version originale qu’en français : Shallow Hal, shallow en anglais signifiant alors superficiel. En effet, Hal, le personnage principal interprété par Jack Black, ne souhaite sortir qu’avec des belles femmes (c’est-à-dire une femme correspondant aux diktats de la beauté), alors que lui-même ne correspond pas aux codes de la beauté masculine. Il est toujours accompagné de son meilleur ami Mauricio (Jason Alexander), tout aussi - voire plus - superficiel que lui. L’extension de la superficialité de Mauricio est aussi mis en avant dans le film. Il souhaite rompre avec sa copine tout simplement car un de ses orteils est trop long. Mauricio incarne la superficialité à son paroxysme.
En 2021, Shallow Hal, malgré les valeurs qu’il se dit défendre, apparait être tout simplement grossophobe. De nombreuses blagues et remarques désobligeantes sur les personnes grosses pullulent. Je comprends que ces blagues soient présentes pour justement les critiquer, mais les personnages qui font les remarques (surtout Mauricio) ne sont jamais remis à leur place à cause de leur comportement. Le film va même jusqu’à justifier le comportement de Mauricio en lui attribuant un manque de confiance en lui à cause d’une anomalie génétique au bas de son dos.
En 2021, Shallow Hal, malgré les valeurs qu’il se dit défendre, apparait être tout simplement grossophobe. De nombreuses blagues et remarques désobligeantes sur les personnes grosses pullulent. Je comprends que ces blagues soient présentes pour justement les critiquer, mais les personnages qui font les remarques (surtout Mauricio) ne sont jamais remis à leur place à cause de leur comportement. Le film va même jusqu’à justifier le comportement de Mauricio en lui attribuant un manque de confiance en lui à cause d’une anomalie génétique au bas de son dos.
@20th Century Fox |
La beauté intérieure vs. la beauté extérieure
She’s funny, she’s smart, she teaches self-esteem to sick kids. I would never believe a girl this beautiful could have such a great personality — HalLe long-métrage a pour message que la beauté intérieure prime sur la beauté extérieure, mais il peine à renvoyer ce message de manière juste et bienveillante. Le tout est en effet maladroitement exécuté. L'utilisation d'un fat suit sur une actrice mince est une pratique critiquée et encore débattue de nos jours (cela reste un costume qu’on peut enlever en fin de journée et le fat suit représente une croyance que dans chaque personne grosse sommeille une personne mince prête à éclore). De plus, ce qui est problématique dans le long-métrage, c’est comment la beauté intérieure est représentée chez Rosemary (Gwyneth Paltrow). En effet, pourquoi la beauté intérieure d’une femme grosse serait l’apparence d’une femme mince ? Shallow Hal, peut-être inconsciemment (donnons-leur le bénéfice du doute), envoie donc le message que la beauté réside tout de même dans la minceur.
Une scène qui se révèle être assez choquante se passe après que Hal soit dé-hypnotisé. Hal est amoureux de Rosemary, pourtant, il redoute de la voir et espère être de nouveau hypnotisé pour pouvoir être avec elle. De peur de la voir telle qu'elle est, il va même jusqu’à se tartiner les yeux de vaseline pour être incapable de la voir. On se demande quel message veut bien faire passer cette scène, sans aucun doute que Hal reste encore un homme superficiel, mais de manière sous-jacente, cette scène véhicule le message qu'une personne grosse est tellement repoussante qu'on ne préfère ne pas la voir.
Certaines scènes, qui sont supposées être drôle, frôlent tout simplement le malaise, je pense notamment à une scène en particulier, à la fin du film : Hal se rend chez Rosemary pour la reconquérir et vu qu’il ne connaît pas vraiment sa réelle apparence, prend la bonne de maison pour Rosemary et l’embrasse passionnément. Cette scène est blessante et laisse supposer que les personnes grosses se ressemblent toutes.
Le métrage prend tout de même une piste intéressante à travers le personnage secondaire de Tanya. Tanya est une infirmière de l’hôpital où Rosemary fait du bénévolat. Elle est montrée comme une femme âgée et aigrie. On comprend plus tard qu’on voyait Tanya à travers le regard d’Hal et quand le personnage se retrouve seul avec Rosemary, on découvre que c’est une jeune femme et qu’elle est belle. Lors d’une conversation avec Rosemary, on comprend qu’elle sort avec Walt uniquement pour son argent. Le film montre qu’à cause de sa personnalité superficielle, sa beauté intérieure n’est pas attirante.
Les stéréotypes sur les personnes grosses
But, l don't know, no matter what l eat, my weight just seems to stay the same. So l figure, what the hell? l'm gonna eat what l want. — RosemaryUn autre problème de cette production est sa représentation des personnes grosses. Shallow Hal pousse jusqu’au maximum les clichés blessants sur les personnes grosses. Rosemary est une femme grosse qui se trouve moche (“Look, I know what I am and I know what I'm not. I'm the girl who, you know, gets really good grades and who's not afraid to be funny. And I'm the girl who has a lot of friends who are boys and no boyfriends. I'm not beautiful, ok, and I never will be.”) et qui mange de grandes portions de nourriture. Il y a également de nombreux gags autour du fait qu'elle casse des chaises à cause de son poids. De plus, le fat suit que Paltrow porte est loin d'être réaliste, elle exagère les proportions et est loin de vraiment correspondre à la silhouette d'une personne de forte corpulence. Bien que le long-métrage soit une comédie, cela n’excuse pas tout le côté grotesque et blessant qui s’en dégage. Comment peut-on prôner le body positisme et se moquer des personnes grosses en même temps ? C'est complètement insensé.
@20th Century Fox |
Shallow Hal, 20 ans après, verdict
Shallow Hal est une production qui, en soi était déjà problématique lors de sa sortie, mais qui l’est davantage aujourd’hui, notamment avec les nombreux mouvements autour du body positivisme. Il vaut de rappeler que le film est réalisé par Peter et Bobby Farrelly, connus pour leurs comédies à l’humour parfois assez limite, et ce long-métrage n’y échappe guère. De plus, les seuls moments où quelques rires pourraient nous échapper résident dans les quelques quiproquos résultant du fait que Hal ne voit pas la réelle apparence de Rosemary. Cependant, cela ne suffit pas à relever le niveau. Shallow Hal, malgré toutes les bonnes intentions qu'il se dit avoir, reste un film avec des personnages pour la plupart idiots et au final, le message du film est complètement éclipsé par les stéréotypes et les nombreuses blagues et remarques sur les personnes grosses. Pour conclure, ma vision que j'avais du film a bien changé et je ne compte pas le re-regarder de sitôt (ou jamais, c'est bien aussi).
Je crois que de base il m'avait pas plus dans son ensemble et je crois que je serai incapable de le revoir de nos jours tant il est problématique
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